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Carburant, pain et huile: Comment la crise en Ukraine va appauvrir encore plus les ménages africains

La crise entre la Russie et l’Ukraine, qui se déroule à des milliers de kilomètres du continent africain, a des répercussions inquiétantes sur les Africains. En effet, les hausses des cours des hydrocarbures et des produits agricoles se traduisent par des augmentations généralisées des prix de très nombreux produits, aggravées par les spéculateurs qui tirent profit de cette situation, au grand dam des ménages. Ainsi, dans presque tous les pays, les cours de nombreux produits prennent l’ascenseur.

La hausse des prix du pétrole induit celle de bien des produits

D’abord, il y a les hausses des carburants. En effet, avec un cours du baril de Brent qui a franchi, ce jeudi 3 mars 2022, les 118 dollars, à cause des craintes sur l’approvisionnement en pétrole, les importations des hydrocarbures coûtent de plus en plus chères. Outre le prix du baril du brut de l’or noir, les pays africains, globalement importateurs de carburants, doivent, en plus, supporter les charges liées au transport et au raffinage.

Ces hausses impactent négativement le coût de l’électricité et du fuel et en conséquence les coûts de production des industries et donc les produits industriels et les factures d’électricité. De même, au niveau des carburants, les pétroliers répercutent ces coûts sur le consommateur final, à travers la hausse des prix à la pompe. Ainsi, un peu partout, les prix des carburants ont augmenté en dépit des subventions et des sacrifices des pouvoirs publics pour atténuer les effets des hausses des cours sur les tarifs à la pompe. Ces augmentations des carburants ont des répercussions négatives sur les tarifs des transports de passagers et de marchandises impactant ainsi sur les prix de nombreux produits alimentaires.

Une situation qui pousse certains Etats à décider d’augmenter les prix des carburants afin d’atténuer la charge du budget de l’Etat. C’est le cas de la Tunisie dont le gouvernement a procédé, à deux reprises, à la hausse des prix à la pompe en l’espace d’un mois.

Fin janvier, le gouvernement rwandais a, lui aussi, augmenté le prix de l’essence de 13%. A Goma, en RDC, le litre d’essence a atteint, avant cette nouvelle flambée du cours du baril, un niveau record de près de 3.000 francs congolais, soit 1,5 dollar.

Ces hausses des tarifs des carburants ont des effets immédiats de hausse des prix, notamment sur les transports publics et celui des marchandises et par conséquence sur les produits alimentaires.

Les ménages obligés d’emprunter quotidiennement les transports voient ainsi leurs dépenses de transport augmenter sensiblement, alors qu’ils doivent supporter les nombreuses autres hausses des prix.

En effet, outre les carburants, l’évolution des cours du blé inquiète en Afrique. D’autant que la Russie et l’Ukraine représentent à elles seules 30% du commerce mondial de blé.

L’augmentation du cours du blé et la crainte de pénurie

Sur Euronext, le cours du blé tendre à la mi-journée s’est établi à 356,75 euros la tonne. Sachant que plus des deux-tiers du blé consommé en Afrique est importé, le continent est handicapé par cette flambée du cours de la céréale. Et par ricochet, les prix des importations de farine aussi augmentent très fortement affectant les boulangers qui essaient de répercuter ces hausses sur le consommateur final.

Ainsi, dans de nombreux pays, les prix de la baguette de pain ont augmenté. Avant même cette crise et la nouvelle flambée du blé, les prix avaient déjà augmenté dans de nombreux pays dès décembre. Au Sénégal, le prix de la baguette est ainsi passé de 150 à 175 FCFA. AU Gabon, le sac de farine est passé mi-février de 16.000 à 19.000 FCFA poussant les boulangers à augmenter le prix de la baguette à 125 FCFA. Mais face au refus des autorités, ils n’ont trouvé comme alternative que de baisser le poids de la baguette.

En Libye, en décembre déjà, pour 1 dinar, on avait plus droit qu’a seulement 3 pains, contre 8 auparavant et 40 au temps de Kadhafi !

Et avec cette nouvelle flambée liée à la crise ukrainienne, partout les boulangers menacent d’augmenter les prix, y compris au Maghreb où toucher au prix du pain est une gageure.

Ces hausses touchent aussi les pâtes alimentaires et d’autres produits à base de farine de blé.

A noter que l’envolée du cours du blé s’accompagne de celui de nombreuses autres céréales comme le maïs dont le cours a presque rejoint celui du blé en s’échangeant à 340 euros sur Euronext. Ainsi, il n’y a même pas de possibilité de substitution entre ces céréales.

« Emeutes de la faim »

La situation risque de se corser encore plus dans les semaines et mois à venir. De nombreux pays essaient de renforcer leurs stocks en blé craignant des pénuries dans les prochains mois entretenant une tendance haussière des cours. De plus, du fait que le début des semis de blé et maïs prévus ces prochaines semaines en Ukraine pourraient être remis en cause par la guerre, des craintes pèsent sur l’offre de la prochaine campagne. C’est dire que la situation risque de se tendre encore plus dans les mois à venir.

Or, les pays africains figurent parmi les principaux importateurs du monde. En 2021, on comptait 3 pays du continent dans le top 10 des premiers importateurs de blé du monde avec l’Egypte en tête (13 millions de tonnes), l’Algérie 5e (importateur avec 7,7 millions de tonnes) et le Nigéria (10e importateur avec 6,2 millions de tonnes).

Face à la facture coûteuse du blé, les autorités égyptiennes n’écartent pas la possibilité de revoir le prix du pain à la hausse. Seulement, une telle initiative en cette période de hausse généralisée des prix risque d’entraîner des tensions sociales aux conséquences incalculables. Les hausses des prix du pain sont «inacceptables» au niveau de nombreux pays africains. C’est par exemple l’une des raisons de la chute du président soudanais, Omar el-Béchir.

Enfin, les oléagineux connaissent, eux aussi, une forte hausse dans certains pays. Cette situation s’explique surtout par l’impact de cette crise russo-ukrainienne sur l’approvisionnement des pays en tournesol et huile de tournesol en provenance de l’Ukraine. En effet, l’Ukraine assure à elle seule la moitié du commerce mondial de l’huile de tournesol, ce qui représente 14% des échanges mondiaux des huiles végétales. Or, aujourd’hui, les exportations en huile de tournesol du pays sont à l’arrêt. Ce qui occasionne un important déficit au niveau du commerce mondial des huiles, sachant que celui-ci était très tendu, avant même le déclenchement de la guerre en Ukraine, à cause de nombreux facteurs défavorables: récoltes insuffisantes d’huile de palme en Asie, campagnes catastrophiques de colza au Canada et effet de la sécheresse sur le soja au Etats-Unis.

 

Source:Le 360 Afrique

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