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La guerre en Ukraine pourrait virer à la crise alimentaire en Egypte

L’Egypte, premier importateur mondial, doit faire face à la flambée des prix alors que le pays peine déjà à nourrir sa population. Surtout, 85% du blé importé vient de Russie et d’Ukraine.

La guerre en Ukraine pourrait faire une victime collatérale de l’autre côté de la Méditerranée. L’Egypte et ses 105 millions d’habitants s’inquiètent des répercussions de la crise sur les matières premières et surtout le blé.

Avec un constat redoutable pour le pays africain: 85% de ses importations de blé viennent de Russie et d’Ukraine. Sur les 12,5 millions de tonnes achetées, 8,1 millions viennent de Moscou et 2,5 millions de Kiev.

Compte tenu des bombardements et des déplacements de population, les exportations ukrainiennes devraient se réduire à peau de chagrin. Quant au blé russe, la pression internationale est importante pour gêner les liens commerciaux. En parallèle, le prix du blé tendre a explosé passant de 263 euros la tonne mi-février à 381 euros la tonne ce jeudi. Et la tendance reste haussière.

Production nationale bien trop faible

Pour l’Egypte, plus gros importateur de blé au monde, c’est un enchaînement catastrophique alors que le pays possède en stock l’équivalent d’à peine 4 mois de consommation nationale en blé. Selon le Middle East Institute de Washington, les Égyptiens consomment 150 à 180 kilogrammes de pain par habitant chaque année, soit le double de la moyenne mondiale.

Le prix du pain rond, appelé aish baladi, est devenu un des principaux enjeux du pays et notamment pour le président Abdel Fattah al-Sissi, au pouvoir depuis 2014. La production de blé dans le pays est bien trop faible pour nourrir la population. Autrefois le grenier à blé de l’Antiquité, l’Egypte produit en 9 millions de tonnes par an pour une consommation évaluée à 21 millions de tonnes.

Ces derniers mois, la hausse des prix des céréales a surtout commencé à peser sur les subventions étatiques alors qu’un habitant sur trois vit avec moins de deux euros par jour. En août dernier, le gouvernement a décidé d’augmenter le prix du pain qui coûte toujours dix fois moins cher que le prix réel.

Emeutes du pain

Le prix subventionné pèse énormément sur les comptes du pays, qui devra encore s’aligner sur le coût des matières premières. Et encore faut-il pouvoir les importer… Si bien que les autorités réfléchissent à mettre fin aux subventions pour tous pour proposer à la place des chèques pour les plus modestes.

Une chose est sûre, cette situation tendue réveille de douloureux souvenirs dans le pays, qui a connu de violentes « émeutes du pain » dans les années 1970 quand la subvention a été (temporairement) supprimée.

 

source: BFMTV

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