Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a gracié mercredi Yahya Abdelhadi, figure de l’opposition détenue depuis 2019 pour diffusion de « fausses informations », dans la foulée de la libération par le parquet de 11 autres détenus politiques, selon un avocat.
Ces derniers jours, maître Tarek El-Awadi, membre de la commission des grâces présidentielles a annoncé sur Twitter la libération de 12 prisonniers d’opinion, dont certains en détention préventive depuis des années. Si M. Abdelhadi a bénéficié d’une grâce présidentielle, c’est le parquet qui a ordonné la libération des 11 autres détenus. Parmi eux, la traductrice Khouloud Saïd, arrêtée en avril 2020 pour avoir critiqué la gestion gouvernementale du Covid-19 et le blogueur Abderahman Tarek, surnommé « Moka », qui avait entamé une grève de la faim pour dénoncer ses trois années de détention préventive, un régime légalement limité à deux ans.
M. Abdelhadi avait, lui, été condamné le 23 mai dernier à quatre ans de prison pour diffusion de « fausses informations » après avoir été arrêté en janvier 2019 à son domicile. Cet opposant âgé de 68 ans est l’une des figures du mouvement « Kefaya » (Assez!), très actif lors du soulèvement populaire de 2011. M. Abdelhadi s’est également illustré par ses articles très lus lors de la révolution qui a abouti à la chute de l’autocrate Hosni Moubarak.
Populaire depuis son opposition à la privatisation de la chaîne de magasin Omar Effendi, il avait annoncé vouloir se présenter à l’élection présidentielle de 2012 avant de se rétracter. En 2017, cet ancien ingénieur militaire a fondé le Mouvement civil démocratique et s’est allié avec plusieurs partis d’opposition.
Une opposition désormais en sommeil depuis l’arrivée au pouvoir en 2013 du président Abdel Fattah al-Sissi qui a mené une répression visant d’abord les islamistes avant de s’élargir aux voix dissidentes. L’Egypte compte plus de 60.000 détenus d’opinion, condamnés ou en attente de procès, selon les ONG.
« Les promesses précédentes de libération de prisonniers politiques ont surtout servi à détourner l’attention de la communauté internationale concernant le bilan de l’Egypte en matière de respect des droits humains », a dénoncé Amnesty International dans un communiqué mardi.
M. Sissi avait proposé fin avril un « dialogue national » mais les défenseurs des droits humains se disent circonspects car il n’a jusqu’ici débouché que sur la libération d’une cinquantaine de détenus politiques.
Source: L’orient -Le jour